The frog who didn’t know it was done / La grenouille qui ne savait pas qu’elle était cuite

As I already stated before, I went to Canada for several reasons. For sure, the main reason was that I had the opportunity. When you are a young software developer in France, getting the opportunity to work for an extended period of time immersed in an english speaking environment can be a huge career boost. But that was not the only reason, and recent events made me reflect back on some of these, and how I changed in a year and a half. This might be pretty long, so take a seat before reading on…

Comme je l’ai déjà précisé auparavant, je suis parti au Canada pour plusieurs raisons. C’est clair, la raison principale était que j’en avais l’opportunité. Quand on est un jeune ingénieur informaticien en France, l’opportunité d’un travail prolongé immergé dans un environnement anglophone peut être un accélérateur de carrière énorme. Mais ce n’était pas l’unique raison, et des évènements récents m’ont fait réfléchir à certaines d’entre elles, et comment j’ai changé en un an et demain. Ça risque d’être long, alors asseyez vous avant de continuer à lire…

… One could say that two of my biggest personality traits are adaptability and curiosity. But it all depends on how you see it. For sure, curiosity is a good thing. Curious people strive to understand the meaning of things before doing a task. Making sure we all are on the same understanding level of what we want to do. Other people would see me as someone who is nosy. Because curious people ask questions. Too curious people ask too many questions. When the opportunity to go to Canada presented itself to me, I was curious. I wanted to know what this country was about. I wanted to discover a new environment. A new culture. A new way of life. I wanted to see with my own eyes this country that so many people were telling me was wonderful, a kind of Eldorado.

… On pourrait dire que deux de mes plus importants traits de caractère sont l’adaptabilité et la curiosité. Mais tout dépend du point de vue. C’est clair que la curiosité est une bonne chose. Les gens curieux cherchent à comprendre la signification des choses avant d’effectuer une tâche. S’assurant que tout le monde est sur la même page quant à ce qu’on veut faire. D’autres me verraient comme quelqu’un de fouineur. Parce que les gens curieux posent des questions. Les gens trop curieux posent trop de questions. Quand l’opportunité d’aller au Canada s’est présentée à moi, j’étais curieux. Je voulais savoir de quoi il en retournait. Je voulais découvrir un nouvel environnement. Une nouvelle culture. Une nouvelle façon de vivre. Je voulais voir de mes propres yeux pourquoi tant de gens m’en disaient tant de bien, un genre d’Eldorado.

I was not particularly worried about the change. As I said, I am fairly adaptable. I knew I could fit pretty much anywhere. Adaptability, though, led me to some personal failures in the past, and no small ones. Trying to adapt to someone, for three years, I gradually changed myself, and lost myself, becoming someone else. I saw Canada as an opportunity to find myself again, gather up the pieces and solve the puzzle of my own self, freed from that someone who unknowingly changed me. But when you arrive in a new country, not knowing anyone, one of the first things to fall upon you is boredom. What is the point of visiting stuff all by yourself? What’s the point of even going out alone? I am not the “picking up girls at a bar” kind of guy, no matter how many times I was told that my french accent would be a big success, had I chosen to take advantage of it. So here I was, in a big new country, utterly bored and lonely.

Je n’étais pas partiulièrement inquiet du changement. Comme je le disais, je m’adapte facilement. Je savais que je pourrais m’intégrer un peu partout. L’adaptabilité, par contre, m’a amené à certains échecs personnels, et pas des moindres. Cherchant à m’adapter à quelqu’un, pendant trois ans, je me suis petit à petit changé, et perdu, devenant quelqu’un d’autre. J’ai vu le Canada comme une opportunité de me retrouver, de recoller les pièces du puzzle de mon moi, libéré de quelqu’un qui m’a changé à son insu. Mais en arrivant dans un nouveau pays, ne connaissant personne, un des premiers trucs à vous tomber sur le coin de la tronche c’est l’ennui. Ça sert à quoi de visiter des trucs tout seul? Ça sert à quoi de sortir tout seul? Je suis pas du genre à “choper dans les bars”, peu importe le nombre de fois où on m’a dit que mon french accent aurait un succès fou, s’il m’était venu l’envie d’en abuser. Donc me voilà, dans un beau gros pays, complètement ennuyé et seul.

I tried to create myself a network in Toronto. First, I stumbled upon an online website where you could find and meet people by area, sharing my tastes, and everything. You could look for friends, and dates. Time proved that apart from one person, it turned out to be just a big dating thing, not what I would call a big success. Interested neither in online dating nor in online sexual intercourse, the account got terminated pretty quickly.

J’ai cherché à me constituer un réseau à Toronto. D’abord, je suis tombé sur un site en ligne où on pouvait trouver des gens du coin, partageant mes goûts, et tout. On peut chercher des amis, et un rencard. Le temps prouva qu’à part une personne, ce ne fut qu’un gros site de rencontres, pas vraiment ce que j’appellerais une réussite. Intéressé ni par les rencontres en ligne ni par un coup d’un soir, le compte s’est vu annihilé assez rapidement.

Then I found pvtistes.net, a website of french people with a Work-Holiday Visa in Canada, organising meetings, and I thought it would be a good opportunity to meet new people, even if I was looking for canadian acquaintances, and the last thing I wanted to meet was new french people. To my astonishment, almost all of these people were eager to meet new french people. As if they were lost in a big city where people wouldn’t understand their jokes or cultural references. Far from showing open-mindedness, they were rather showing me the narrow-mindedness that my fellow french people can show. I managed, nevertheless, to make friends with a few people. Oddly enough, the only people I made friends with, through this website, don’t go to these meetings anymore, just like me.

Puis j’ai trouvé pvtistes.net, un site de français au Canada avec un Permis Vacances-Travail, organisant des soirées, et je pensais que ça serait une bonne occasion de rencontrer de nouvelles personnes, même si je cherchais à faire la connaissance de canadiens, et que la dernière chose dont j’avais envie c’était de rencontrer d’autres français. À ma grande surprise, la quasi totalité de ces gens étaient en quête d’autres français. Comme s’ils étaient perdus dans une grande ville où les gens ne comprennent pas leurs blagues ni leurs références culturelles. Loin de montrer une quelconque ouverture d’esprit, il me montrait plutôt l’étroitesse d’esprit dont mes compatriotes peuvent faire preuve. J’ai réussi, néanmoins, à me faire quelques amis. Étrangement, les seules personnes avec qui je me suis lié d’amitié, par le biais de ce site, ne vont plus à ces réunions, tout comme moi.

After 6 months of Canadian life, out of the half-dozen real friends I managed to make, only one was Canadian. My facebook was still showing “almost nobody” in the then frustrating “Friends List”. The loneliness and boredom were such that whenever someone asked me for help through my blog, I would gladly offer my help. Meet them afterwards, trying to get new friends. And even though I would see first-hand that the differences were too big, and that I should just provide information, and move on, I adapted myself, again, so as to be liked, accepted, or whatever. I met someone through my blog, like this, whose “social butterfly” aspect soon helped her find many friends in Canada. I naturally tried to fit with those as well, more based on the fact that they were Canadians, that I was bored, and that I wanted to see how young Canadians live and enjoy life rather than some common interests we may have shared. I tried almost desperately to fit in that group, up until the point where instead of just changing myself to adapt to one person, I changed myself to adapt to a whole group of people.

Après 6 mois de vie canadienne, sur la demi-douzaine de véritables amis que j’avais réussi à me faire, seule une était canadienne. Mon facebook montrait encore “quasiment personne” dans la “Friends List” alors si frustrante. La solitude et l’ennui étaient tels que quand on me demandait de l’aide sur mon blog, j’allais l’offrir avec joie. Rencontrer les gens après, chercher à me faire de nouveaux amis. Et même si je pouvais voir dès le départ que les différences seraient trop grandes, et que j’aurais juste dû me contenter de fournir des infos, et en rester là, je me suis adapté une fois de plus, pour être aimé, accepté, ou n’imp’. J’ai rencontré quelqu’un par le biais de mon blog, ainsi, dont le côté “Social Butterfly” lui a vite permis de se faire plein d’amis au Canada. J’ai naturellement tenté de m’intégrer avec eux, plus pour le fait qu’ils étaient canadiens, que je me faisais chier, et que je voulais voir comment la jeunesse canadienne vivait et profitait de la vie plutôt que pour les interêts communs que nous aurions pu avoir. J’ai cherché presque désespérément de m’adapter à ce groupe, jusqu’au point où au lieu de me changer et de m’adapter à quelqu’un, je me suis changé pour m’adapter à un groupe de personnes entier.

The result was even worse. Instead of finding myself back, I ended up losing myself even more. It came to me pretty much as a shock when the double-edged sword usually referred to as “facebook” came to slap me in the face with my own profile, and the pictures that were there, tagged with my name, but where I wouldn’t recognize “me”. I could see in the list of my so-called “friends” an amount of people who never talk to me, who never interact with me, and even have completely opposite opinions as I have. I had been trying, for a year and a half, to be liked by people I would usually despise. It was high time for me to do something about all this.

Le résultat fut encore pire. Au lieu de me retrouver, je me suis finalement perdu encore plus. Ça m’est apparu un peu comme un choc quand l’épée à double-tranchant connue sous le nom de “facebook” est venu me foutre une grosse baffe dans la tronche avec mon propre profil, et les photos qu’il y avait, étiquettées avec mon nom, mais où je ne “me” reconnaissais pas. Je pouvais voir dans la liste de mes soi-disants “amis” bon nombre de gens qui ne m’adressent jamais la parole, qui n’interagissent jamais avec moi, et ont même des opinions complètement opposées aux miennes. J’avais essayé, pendant un an et demi, de me faire aimer par ces gens que d’ordinaire je méprise. Il était grand temps pour moi de réagir.

I have seen how some young canadians “enjoy life” and “hang out”, and I have seen it was not something for me. By the time I realize the toll my little social and cultural experiments had taken on me, I already had forgotten what I was looking for in the first place. Very much like the frog from “The frog who didn’t know it was done“, I let myself get gradually cooked and boiled in a pot that wasn’t mine.

J’ai vu comment de jeunes canadiens “profitent de la vie” et “s’éclatent”, et j’ai vu que c’était pas mon truc. D’ici à ce que je me rende compte de l’effet que mes petites expériences sociales et culturelles ont eu sur moi, j’avais déjà oublié ce que je cherchais au départ. À l’instar de la grenouille dans “La grenouille qui ne savait pas qu’elle était cuite“, je me suis laissé cuire et bouillir à petit feu dans une marmite qui n’était pas la mienne.

You don’t erase the past. You can’t erase the past. What has been done has been done. But one can change things. First, I decided to re-clarify my use of the accursed facebook. Networking, and networking alone. I removed all the pictures I put in there, and untagged all the pictures of me people had taken and uploaded. I cleaned up all the stupid applications I added out of boredom. The less information, the better. If people want to join me, I left an email and a phone number. That’s all they need if former schoolmates want to get back in touch anyways, right?

On n’efface pas le passé. On ne peut pas effacer la passé. Ce qui est fait est fait. Mais on peut changer les choses. D’abord, j’ai décidé de recadrer le but de mon maudit facebook. Réseautage, et uniquement du réseautage. J’ai retiré toutes les photos que j’y avais mises, et me suis “détaggué” de toutes les photos où on m’avait taggué. J’ai fait le ménage dans toutes les applications à la con que j’avais ajoutées par ennui. Moins il y a d’info, mieux c’est. Si les gens veulent me joindre, j’ai laissé un email et un numéro de téléphone. C’est tout ce dont mes anciens camarades ont besoin pour reprendre contact de toute façon, pas vrai?

Second step, cut the “ties” with all those people I tried so hard to befriend, just for the sake of befriending them. Quality over Quantity, not Quantity over Quality. It’s high time I go back to my true self.

Deuxio, couper les “ponts” avec tous ces gens dont j’ai cherché si fort à me faire des amis, dans la simple optique de m’en faire des amis. La Qualité plutôt que la Quantité, pas la Quantité plutôt que la Qualité. Il est grand temps que je redevienne moi-même.

Smile!

12 replies to “The frog who didn’t know it was done / La grenouille qui ne savait pas qu’elle était cuite

  1. Wow petit pingouin … toute une prise de conscience.

    Tu sais quoi? Ça fait du bien des fois de faire ça. On remets les pendules à l’heure. On regarde où on est et vers où on s’en va. S’il y a des choses qu’on aime, on les entretient, sinon les choses qui nous dérangent on les éliminent de notre vie.

    Tu sais que tu es pour moi plus qu’un ami, parce que moi je te considère comme étant un ami, tu es une source d’inspiration, un peu comme un vieux sage. Tu réussis tellement à calmer les choses, tu as toujours le bon mots pour faire sourire.

    Mais dans tout ça, oui je crois que tu t’oublies. Ce que tu donnes aux autres, tu n’attends jamais rien en retour. Mais parfois à trop donner, on se brûle (on brûle les énergies).

    Tu sais avec les blogs, il faut faire attention aux “faux amis”, c’est trop facile de dire à quelqu’un qu’on est son ami sans jamais prendre la peine de réellement connaître cette personne.

    Pour ma part, je suis qqun qui n’aime pas s’imposer et qui a toujours peur de déranger, so je reste tranquille dans mon coin …

    Allez, prends soins de toi petit pingouin! Je t’adore tu sais ? Et je le pense vraiment, tu as toujours été là quand ça allait moins bien, pas en personne, mais en mots et surement en pensées … Bisous … xox

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  2. Je me suis assise pour lire ton message, ça en valait grandement la peine.

    Tu sais, je me suis reconnue à plusieurs reprises. Peut-être que le voyage en terre étrangère t’a justement permis de te connaître mieux, en ce sens qu’il a poussé dans tes retranchements et que ce sont des stratégies mésadaptées (et non adaptatives) qui ont tout de suite été sollicitées. En situation de crise, ce sont nos patterns qui ressortent en premier – belles occasions de les examiner pour les transformer !

    Encore faut-il en prendre conscience, et c’est (je crois) ce que ce billet démontre.

    Tu viens d’ouvrir une porte… ce qu’il y a derrière, en fait de vérités sur soi, fait parfois mal. Est-ce seulement l’ennui qui motive ce besoin de plaire, d’être inclus, de faire partie d’un groupe ?

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  3. Heu…. je suis pas très sûre de quoi dire sur ce coup-là… mais va falloir que je t’envoie quelques petits pois surgelés à la figure, nonmého!

    Pis t’inquiètes, dans 1 an je devrais avoir la nationalité canadienne, comme ça tu pourras dire que tu as une amie canadienne de plus 😉

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  4. Moonlady, ouais, je sais. La personne que j’avais en tête n’est pas une personne faisant partie de la blogosphère, mais quelqu’un m’ayant contacté par le biais de mon blog, t’inquiètes ;).

    Non, je n’attends jamais rien en retour de ce que je donne. Ça n’a jamais été un problème pour moi, je l’ai toujours fait. Cette fois, j’en ai juste fait trop pour des personnes qui n’en valaient pas la peine pour moi, et je le savais, quelque part, dans un recoin de mon subconscient que j’ai allègrement ignoré.

    *câlin*

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  5. Calliopé, pas étonnant que des gens puissent se reconnaître, je ne suis qu’un être humain ordinaire après tout… Le voyage en terre étrangère ne m’a pas permis de vraiment me connaître mieux. Je me connaissais avant, je suis arrivé à un moment où je ne me (re)connaissais plus, et au lieu de me retrouver, je me suis perdu. Plus que le changement d’environnement, c’est ce que j’ai cherché à en faire qui m’a coûté. On pourrait dire que j’ai un peu trop joué avec le feu…

    J’ai regardé derrière moi par la fenêtre, et c’est ça qui fait mal. Ce qu’il y a au delà de la porte, si c’est bien juste des morceaux de moi, ça ne me fera aucun mal. J’étais bien, avant…

    Mon besoin de plaire et de reconnaissance n’est pas motivé seulement par l’ennui. L’ennui a seulement exacerbé ce besoin au point où j’allais chercher la reconnaissance de gens avec qui je n’ai vraiment rien en commun…

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  6. Dr. CaSo, tu fais partie de la demi-douzaine, t’inquiètes ;). Et viens me les envoyer, tes p’tits pois, t’as un bout d’cantal qui t’attend dans mon frigo :p.

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  7. En tout cas, moi, je suis admirative ! Partir vivre à l’étranger, seul, n’est pas évident, et tu as, grâce à ta curiosité une grande ouverture d’esprit et ça, c’est une preuve d’intelligence !! Tu vas rebondir, c’est évident!! Je t’envoie une tonne de courage !!!

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  8. missmio, merci. Je ne me fais plus trop de souci. Les grenouilles, après tout, ça rebondit, non? 🙂

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  9. elPadawan, (hoping I still make the cut) it is tough, isn’t it….I have the insulation of my family when we are in Spain, and it makes a big difference.

    Are you getting your feet more? It sounds pretty unsure still. It is so difficult to make friends in new places, acquaintances, yes, friends…that’s tougher. I think I am getting there slowly in Spain, after nearly two years…and a woman I know said to me that the second year is the toughest…lets hope.

    On another note altogether, how DID you take that amazing photo? and I really like that camera…cool…that’s Lake Ontario from the Islands?

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  10. Alors là… chapeau.
    Suis fière de toi mon p’tit frangin.
    Je te souhaite de garder ce fil conducteur dans ta vie à venir, et dans cette nouvelle histoire que tu commences en tant que p’tit velu.

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  11. Oreneta, acquaintances eventually become friends, with time. It is just a process that shouldn’t be forced, and that people should let happen by itself naturally.

    Some people told me that the first three years *for French people in Canada* (she was pretty specific) were the toughest, and that French people would be brought, in the end, to a kind of “love or hate” feeling towards Canada. The thing is, as long as I am me, I will be fine no matter where I am. Hopefully this will apply to my next destination…

    On another note, I did not take the picture, someone took it of me while I was taking a picture of said someone. Teamwork is amazing, isn’t it? The camera is not of this world anymore. It was in october, in Bluffer’s park, so it is, indeed, Lake Ontario 😉

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  12. Tataouine, merci. J’ai d’ailleurs beaucoup aimé “La grenouille qui ne savait pas qu’elle était cuite”, je crois que ma soeurette a été bien inspirée de me l’offrir ;).

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