Back to the future / Retour vers le futur

As a French “from France”, I am often asked, either at work or around me in Toronto, to confirm or infirm the rumours going around “québécois”.

En tant que français “de France”, on me demande souvent, que ce soit au boulot ou autour de moi à Toronto, de confirmer ou d’infirmer les différents bruits qui courent à propos du québécois.

Some of the questions and remarks that often come back are:

Quelques questions et remarques qui reviennent souvent :

  • Is it true that French people and Québec people won’t be able to understand each other?
  • Québécois is a bastardized version of ‘real’ French
  • Is it true that Québec people don’t speak a correct French?
  • C’est vrai que les français et les québécois ne se comprennent pas entre eux?
  • Le québécois est une version dégénérée du ‘vrai’ français
  • C’est vrai que les gens du Québec ne parlent pas un bon français?

I think that in order to understand completely the issue, here, we have to look back at history a little bit. Québécois is the result of 400 years of evolution of a language spoken by people cut from the originating country. When Québec was colonized by French settlers, the French language went in two directions. And since French is still a spoken language, it evolves. It evolved, on both sides of the ocean, pretty much independently, influenced differently by its neighbours.

Je crois que pour bien comprendre le problème, là, il faut regarder en arrière un peu. Le québécois est le résultat de 400 ans d’évolution d’une langue parlée par des gens coupés du pays d’origine. Quand le Québec fut colonisé par les colons français, la langue française suivit deux chemins. Et vu que le français est une langue vivante, il évolue. Il évolua, de chaque côté de l’océan, assez indépendamment, influencé différemment par ses voisins.

The origins of the people who crossed the ocean also have an impact. When you need to colonize and develop a country, you don’t send scholars. You send strong workers. Farmers, fishermen, hunters… At that time, the level of education of these social classes was not as advanced as it is now. As a result, their French would be closer to the colloquial French at that time, and evolved from there. Add to that the accent and dialects from their original region (lots of settlers came from Normandy and Brittany, whose accent is different from the one usually taken as a reference, which would be the one spoken at the Académie Française in Paris). *Careful, I am not saying that people in Québec are or were more stupid than French people. Just that the base language that evolved in Québec is closer to the colloquial French of that time, rather than the scholar French, that evolved as a reference in France, due to the category of workers that emigrated, and higher level education not being as available for the masses as it is nowadays.*

Les origines des gens qui ont traversé l’océan y sont aussi pour quelque chose. Quand on veut coloniser et développer un pays, on envoie pas des érudits. On envoie des gars costauds. Fermiers, pêcheurs, chasseurs… À cette époque, le niveau d’éducation de ces classes sociales n’était pas aussi avancé qu’aujourd’hui. Du coup, leur français serait plus proche du français parlé de l’époque, et évolua à partir de là. Rajoutez l’accent et le patois des différentes régions d’origine (beaucoup de colons venaient de Normandie et de Bretagne, dont l’accent est différent de celui habituellement pris comme référence, qui est celui de l’Académie Française à Paris). *Attention, je ne dis pas que les québécois sont ni étaient plus bêtes que les français. Juste que la langue sur laquelle se base le Québécois est plus proche du langage parlé de l’époque, plutôt que le langage littéraire, qui a évolué comme référence en France, en raison de la catégorie socio-professionnelle des travailleurs qui ont émigré, et du fait qu’une éducation avancée n’était pas aussi largement disponible pour tous qu’elle ne l’est aujourd’hui.*

Then, even within Québec, accents and variations differ greatly, pretty much like in France, you have different accents and some other words that will differ from region to region. One could say that you have as many different versions of “québécois” in Québec as you have of French in France.

Après, même au sein du Québec, les accents et variations diffèrent grandement, un peu comme en France, il y a différents accents et certains mots qui changent d’une région à l’autre. On pourrait dire qu’il y a autant de “langues québécoises” au Québec qu’il y a de langues françaises en France.

Add to all this 200 years of British occupation, which also influenced Québécois greatly. France, being surrounded by many other countries, with much more languages, but without having been occupied for so long, has evolved differently from there.

Rajoutez à ça 200 ans d’occupation britannique, qui ont aussi influencé pas mal le québécois. La France, étant entourée de nombreux autres pays, avec bien plus de langages, mais sans avoir été occupée si longtemps, a évolué différemment à partir de là.

Come to think of it, I would say that Québécois is to French what American is to English. If an English student asks an American student for a ‘rubber’, he’s talking about an ‘eraser’, the other will think about a ‘condom’. If a French tourist tells someone in Québec that he has wonderful ‘gosses’, he is talking about his children, really. Québec people will think the crazy French guys is bragging about his gonads.

Quand j’y pense, je dirais que le québécois est au français ce que l’américain est à l’anglais. Si un étudiant anglais demande à un étudiant américain une ‘rubber’, il parle d’une gomme, alors que son homologue pensera à une capote. Si un touriste français dit à quelqu’un au Québec qu’il a des ‘gosses’ magnifiques, il parle de ses enfants, vraiment. Les québécois penseront que ce fou de français se vante à propos de ses gonades.

There are many other examples. My first Canadian encounter with Québécois was when I had a Credit Card problem. A transaction of ‘X dollars’ had been refused. I call the company, and the guy, obviously from Québec, said: “oh, it is for a transaction of X coins?”. Flabbergasted, I say “no, no, X dollars”. How was I supposed to know? Similarly, they don’t drive cars, they drive carts. Though I’m still looking for the oxes and horses in front of it.

Il y a plein d’autres exemples. Ma première rencontre canadienne avec le québécois fut quand j’ai eu un problème avec ma carte de crédit. Une transaction de ‘X dollars’ refusée. J’appelle la société de cartes de crédit, et le gars, visiblement du Québec, dit “oh, c’est pour une transaction de X pièces?”. Abasourdi, je dis “non, non, X dollars”. Comment étais-je censé savoir? De même, ils ne conduisent pas de voitures, ils conduisent des chars. Quoique je cherche encore les boeufs et les chevaux devant.

When I went to Montréal, and then to Québec city, I could understand people fairly easily. Their accent was not so strong. Their expressions, that wouldn’t be used in France, are still understandable. It usually makes sense when you look at it, you get the meaning when you think about it, but you’d never ever use that expression if you were the one speaking. See what I mean?

Quand je suis allé à Montréal, puis à Québec, je pouvais comprendre les gens assez facilement. Leur accent n’était pas si prononcé. Les expressions, qui ne seraient pas utilisées en France, sont toujours compréhensibles. En général, ça a un sens quand on le regarde, on comprend le sens quand on y pense, mais si c’était moi qui parlais, j’utiliserais jamais l’expression. Voyez c’que j’veux dire?

And when I was taking the subway in Montréal for the first time, I smiled at things and signs that would appear completely plain to locals. Like this one for example:

Et quand j’ai pris le métro à Montréal la première fois, j’ai souri à des trucs et des panneaux qui sembleraient complètement “plattes” aux gens du coin. Comme celui-ci par exemple :

Kiosque d'informations, station Berri-UQAM, Montréal

In France, “point de” is an old-fashioned way of denoting the lack of something. Only exception that comes to mind is when you are talking about geographical steps in an itinerary: “point de chute, point de départ, …” Other than that, if you say “point de” something, it rather means that at the very place where it is written, said “something” is non-existent. So, naturally, when I see an information kiosk with “point de service” written on it, I smile internally, thinking almost aloud that it explains why clerks are so friendly in there.

En France, “point de” est une façon désuette de dénoter l’absence de quelque chose. La seule exception que j’ai en tête est quand on parle d’étapes géographiques d’un itinéraire: “point de chute, point de départ, …” À part ça, si on dit “point de” quelquechose, ça veut plutôt dire qu’à l’endroit où c’est écrit, le “quelquechose” en question est inexistant. Donc, naturellement, quand je vois un kiosque d’information avec “point de service” écrit dessus, je souris en dedans, pensant presque tout haut que ça explique l’amabilité du personnel ici.

Naturally, people here see “point de …” as “point of …”, so the spot where you can get assistance. As I said, when you start thinking about it, it makes sense, you just wouldn’t use in the first place…

Naturellement, les gens ici voient “point de …” comme “l’endroit où …”, donc là où on peut obtenir de l’aide. Comme je le disais, quand on y pense, c’est sensé, c’est juste qu’on ne l’utiliserait pas naturellement…

So in the end, I can’t say that one is more real than the other. The “French” language is the reunion of all its dialects, regional variations, and everything. It’s really like American and English. Few people will make the difference of saying they speak “American”. To non English-speaking people, they speak English. But to English people from the UK, they speak American. And if you ask where they’re from, they are from the US. Québec people, to non French-speaking people, speak “French”, or “Canadian French”. To me, they speak “Québécois”. And if you ask, they’re from Québec.

Donc au final, je ne peux pas vraiment dire qu’il y en a un qui est plus réel que l’autre. La langue française est l’union de ses dialectes, variations régionales, et tout le toutim. C’est vraiment comme l’américain et l’anglais. Peu de gens feront la différence de dire qu’ils parlent “américain”. Pour les non-anglophones, ils parlent anglais. Mais pour les anglais du Royaume-Uni, ils parlent américain. Et si vous demandez d’où ils viennent, ils sont des États-Unis. Les québécois, pour les non-francophones, parlent “français”, ou “français canadien”. Pour moi, ils parlent “québécois”. Et si vous demandez, ils viennent du Québec.

And the funny thing is that it works both ways. I sound just as funny to a Québécois than they sound funny to me. It is then to my utmost delight that I exchanged with Québec people, during my travels and also in the Café-blogs, expressions and differences, where we could feel how close we were, based on how differently we were speaking the same language, gladly agreeing that “Ils sont fous ces québécois” and that I am a “maudit français”.

Et le truc rigolo c’est que ça marche dans les deux sens. J’ai l’air aussi marrant pour un québécois qu’ils ont l’air marrant pour moi. C’est avec le plus grand plaisir que j’ai échangé avec des québécois, au cours de mes voyages et aussi au Café-blogs, expressions et différences, où l’on pouvait sentir à quel point on était proche, en fonction du grand écart entre nos deux langues, tombant d’accord sur la conclusion commune qu’ “ils sont fous ces québécois” et que je suis un “maudit français”.

12 replies to “Back to the future / Retour vers le futur

  1. Bien dit, tabarnak!

    Je me rappellerai toujours de mon premier séjour au Canada (pardon, au Québec). J’ai été voir un film avec mon copain et c’était un film québecois en québecois… avec des sous-titres en français!

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  2. Dr. CaSo, pareil :). C’est bien pour ça que j’ai fait la distinction “expérience canadienne du québécois”, ayant vu un film ou deux en québécois sous-titré français 😀

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  3. On peut faire ce genre d’analyse pour tous les parlers, même en métropole, même s’il est vrai que l’éloignement du Québécois est plus prononcé. Du côté de par chez moi on dit “plier la table” pour la débarrasser, et on “passe la toile” quand on passe la serpillère…

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  4. Le vaudois aussi est bien difflrent du français parisien. Au début, quand on a déménagé en Suisse, mes parent et moi on ne comprenait pas grand’chose! Et la serpillère c’est une panosse en Suisse 🙂

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  5. C’est tout à fait cela! le québécois est une branche du français qui posséde une richesse linguistique hors pairs. D’ailleurs à ULaval à Québec, des linguistes français viennent s’enrichir de ses nuances avec une grande humilité. Et l’acadien est encore une autre paire de manche, tout aussi légitime…

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